Le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH)
Le trouble du déficit de l’attention
avec ou sans hyperactivité (TDAH) est le trouble comportemental le plus
fréquent chez les enfants et les adolescents. À des degrés variables, le TDAH
peut perturber le fonctionnement personnel, scolaire, familial et social. S’il
n’est pas identifié et traité tôt, il peut avoir des conséquences sur toute la
vie adulte
Qu’est-ce que le TDAH?
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans
hyperactivité (TDAH) est un trouble d’origine neurologique qui a
2 caractéristiques principales : 1) l’inattention et
2) l’hyperactivité ou l’impulsivité. Bien que ces types de comportements
se retrouvent chez tous les enfants, ils sont chroniques et très prononcés
dans le cas de ceux qui sont atteints du TDAH. Et ils se manifestent dans
toutes les circonstances de leur vie (pas uniquement à la maison ou à l’école,
par exemple).
On estime que de 5 %
à 8 % de la population souffre de TDAH. On a longtemps cru que les
garçons étaient plus touchés que les filles, mais les études les plus récentes
ne relèvent pas de distinction entre les sexes.
Ce trouble est, en général, diagnostiqué vers l’âge de
7 ans, mais les enfants qui en souffrent ont souvent eu des comportements
difficiles dès l’âge de 2 ans. Dans la moitié des cas, le TDAH persiste à
l’âge adulte, mais il arrive que les symptômes diminuent à l’adolescence. Les
connaissances sur le TDAH ont beaucoup progressé depuis quelques années et les
soins se sont beaucoup améliorés.
Environ la moitié des enfants souffrant d’un TDAH ont
aussi d’autres problèmes, comme des troubles d’apprentissage, de l’anxiété, de l’opposition ou
des troubles affectifs. Ces problèmes entraînent souvent des difficultés de
socialisation et une mauvaise estime de soi. Pour cette raison, l’évaluation
des enfants peut nécessiter l’intervention de plusieurs professionnels :
psychologues, professeurs, éducateurs, orthopédagogues, travailleurs sociaux,
etc.
Votre enfant souffre peut-être du TDAH s’il présente
depuis 6 mois ou plus :
·
au moins 6 symptômes d’inattention;
OU
·
au moins 6 symptômes d’hyperactivité
ou d’impulsivité;
OU
·
au moins 6 symptômes d’inattention
et d’hyperactivité/impulsivité.
Ces symptômes doivent se manifester dans plusieurs
circonstances (ex. : à la maison, à la garderie et à l’école), à un
degré qui ne correspond pas au niveau de développement de l’enfant. Certains de
ces symptômes doivent avoir été présents avant l’âge de 7 ans.
Symptômes
d’inattention
Souvent, l’enfant :
·
n’est pas capable de
prêter attention aux détails ou fait des fautes d’inattention dans les devoirs
scolaires ou d’autres activités;
·
a du mal à soutenir son
attention à la tâche ou dans les jeux;
·
semble ne pas écouter
quand on lui parle;
·
ne respecte pas les consignes et
ne parvient pas à terminer ses devoirs scolaires ou ses tâches ménagères;
·
a de la difficulté à
organiser ses activités ou ses travaux;
·
évite, déteste ou fait à contrecœur
les tâches qui nécessitent un effort
mental soutenu (comme le travail scolaire ou les devoirs à la maison);
·
perd les objets
nécessaires à ses activités (ex. : jouets, cahiers de devoirs, crayons);
·
se laisse facilement
distraire par des sources de stimulation externes;
·
a des oublis dans la vie
quotidienne.
Symptômes
d’hyperactivité ou d’impulsivité
Souvent, l’enfant :
·
remue les mains ou les
pieds, se tortille sur son siège ou manipule un objet sans arrêt;
·
se lève en classe ou dans
d’autres situations où il doit rester assis;
·
court ou grimpe partout,
dans des situations où cela est inapproprié, sans craindre le danger;
·
à du mal à se tenir
tranquille dans les jeux ou les activités de loisir;
·
est très actif ou agit
comme s’il était « monté sur des ressorts »;
·
parle trop;
·
répond de façon précipitée
à une question qui n’est pas encore entièrement posée;
·
a du mal à attendre son tour;
·
interrompt les autres ou
impose sa présence (ex. : fait irruption dans les conversations ou dans
les jeux);
·
a de la difficulté à
contrôler ses gestes et ses paroles dans les moments stressants, ce qui peut le
rendre arrogant et, parfois, agressif dans ses paroles ou ses gestes;
·
tolère mal la frustration
imposée par certaines consignes;
·
a des sautes d’humeur.
Symptômes du TDAH de type mixte
Les enfants qui souffrent du TDAH de
type mixte présentent à la fois, depuis 6 mois ou plus, au moins
6 symptômes du TDAH de type inattention et au moins 6 symptômes du
TDAH de type hyperactivité/impulsivité.
Quand consulter?
Il est nécessaire de consulter un médecin quand
l’agitation de l’enfant est présente en tout temps, perturbe ses échanges et
ses apprentissages et rend impossible la vie familiale. Voici quelques indices
pour mieux évaluer la situation :
·
La durée du comportement :
plus de 3 à 6 mois.
·
Sa fréquence :
plusieurs fois par jour ou plusieurs crises par semaine.
·
Sa constance :
cela lui arrive à plusieurs endroits, avec plusieurs intervenants.
·
Son intensité :
cela a des conséquences pour l’enfant et son environnement.
·
L’impact sur sa vie :
cela affecte son estime de soi, ses résultats scolaires.
Source : Geneviève Pelletier, psychoéducatrice auprès
de la Commission scolaire de Montréal.
Certaines situations peuvent occasionner des symptômes semblables à ceux du
TDAH. C’est le cas, par exemple, d’une situation
familiale conflictuelle, d’une séparation, d’une incompatibilité de caractères
entre l’enfant et son enseignant ou de conflits avec des amis. Parfois, des problèmes
auditifs expliquent l’inattention. Enfin, d’autres problèmes de santé
peuvent provoquer ce type de symptômes ou les amplifier. En cas de doute, mieux
vaut en discuter avec le médecin de l’enfant.
Les causes du TDAH
Ce trouble neurologique complexe n’a pas une
cause unique. Probablement lié à certaines substances chimiques du cerveau, il
n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ni par des problèmes
psychosociaux.
Même s’il peut s’agir d’un trouble héréditaire,
certains facteurs peuvent toutefois en augmenter le risque, comme :
·
l’exposition du fœtus à
certaines substances toxiques (alcool, tabac ou drogue);
·
une méningite bactérienne;
·
un traumatisme crânien;
·
la prématurité;
·
tout problème survenu à
l’accouchement ayant pu causer un manque d’oxygène au nourrisson.
Comment diagnostiquer un TDAH?
Le diagnostic de TDAH n’est
pas facile à poser et il n’existe aucun test ou examen médical permettant un
diagnostic clair.
Le spécialiste qui pose le
diagnostic fait une évaluation approfondie de l’enfant et de son milieu de vie.
Pour l’aider à déterminer si un enfant souffre d’un TDAH, ce professionnel de
la santé utilise aussi plusieurs outils, comme :
·
les critères comportementaux définis par
l’ouvrage Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders, 5e édition (outil
principal);
·
des tests psychologiques;
·
des tests neuropsychologiques;
·
certaines échelles comportementales
remplies par les parents et les professeurs (ex. : échelle de Conners).
Comment traiter?
Il n’existe aucun traitement pouvant guérir le TDAH.
L’objectif de l’intervention est de réduire les effets de ce trouble sur
l’enfant, c’est-à-dire ses difficultés scolaires, les souffrances liées au
rejet qu’il subit souvent, sa faible estime de soi, etc. Lorsqu’un TDAH est
bien traité, son évolution est généralement bonne.
Dès que le diagnostic de TDAH
est posé, l’enfant doit absolument faire partie de la discussion et des
décisions. Le traitement du TDAH est individualisé et nécessite la
collaboration de spécialistes variés, de la famille et du milieu scolaire.
Les préjugés associés au TDAH
sont tenaces. Pour cette raison, le traitement médical est toujours combiné à
une intervention psychosociale (ex. : programme d’aide aux habiletés
sociales, psychothérapie comportementale, thérapie familiale, soutien
pédagogique ou participation à des activités sportives ou communautaires). En
milieu scolaire, des interventions qui favorisent l’organisation du travail par
un encadrement adapté sont conseillées.
Médicaments
En plus des interventions psychologiques et sociales,
la prise de médicaments est souvent nécessaire pour réduire les symptômes du
TDAH. Le médecin ne prescrit habituellement pas ces médicaments seulement parce
qu’un enfant est turbulent, à moins que ce comportement soit assez prononcé
pour perturber ses habiletés sociales ou son estime de soi.
En général, ce sont les difficultés scolaires qui
justifient le début d’un traitement. C’est la raison pour laquelle
l’utilisation de médicaments devrait être exceptionnelle avant l’entrée à l’école.
Pas des tranquillisants
La plupart des médicaments utilisés dans le traitement
du TDAH sont des stimulants. Leur effet peut être comparé à celui obtenu
lorsqu’on prend un café. En stimulant le centre d’éveil, les psychostimulants
aident à maintenir une certaine attention et ont comme effet de diminuer
l’agitation.
Certains enfants réagissent mieux à une catégorie
particulière de médicaments plutôt qu’à une autre. Il est donc parfois
nécessaire que l’enfant essaie différents médicaments avant de trouver celui
qui apporte les effets voulus. Voici les principaux médicaments prescrits pour
le TDAH :
·
Méthylphénidate : le
psychostimulant le plus souvent utilisé (ex. : Ritalin, Biphentin et
Concerta). Il ne guérit pas le TDAH et ne l’empêche pas de persister à l’âge
adulte, mais il réduit les symptômes tant qu’il est pris. Il n’entraîne aucune
dépendance.
·
Dérivés de
l’amphétamine : autre classe de psychostimulants (ex. : Adderall,
Dexedrine et Vyvanse).
·
Atomoxétine : n’est
pas un stimulant (ex. : Strattera). Ce médicament peut être utile chez les
enfants qui ont aussi un problème d’anxiété.
Le méthylphénidate, tout comme les dérivés de
l’amphétamine, améliore la concentration mentale de l’enfant et lui permet de
vivre plus d’expériences favorables. Souvent, ses résultats scolaires s’améliorent
et ses relations avec ses parents et ses amis deviennent aussi plus
harmonieuses.
Effets indésirables des psychostimulants
Les effets indésirables les plus fréquents des
psychostimulants sont la perte d’appétit et les troubles d’endormissement.
Ils peuvent aussi donner des maux de tête, des maux de ventre et entraîner des
variations d’humeur (tristesse, irritabilité). Des tics peuvent apparaître
ou être accentués, s’ils étaient déjà présents. Ces effets ont tendance à
disparaître avec le temps.
Un enfant qui prend des psychostimulants peut perdre
un peu de poids ou prendre du poids légèrement moins vite qu’avant. Ces
médicaments ne nuisent cependant pas à la croissance de l’enfant.
Les médicaments, seulement un des aspects du
traitement
En plus de prendre ses médicaments, l’enfant doit
aussi développer des stratégies qui l’aideront à s’organiser, à se concentrer,
à diminuer les excitants présents dans son environnement, etc. Il est aussi
essentiel de travailler sur son comportement et son estime de soi. Voici
comment l’aider.
·
Dire à l’enfant que le
TDAH est un trouble d’origine neurologique qui n’a rien à voir avec son
intelligence.
·
Déculpabiliser l’enfant en
insistant sur le fait qu’il n’est pas responsable de son état.
·
Le responsabiliser en lui
disant que c’est lui qui a le plus de pouvoir sur la réduction de ses
symptômes. Les intervenants et les médicaments sont là seulement pour l’aider.
·
Insister sur ses forces et
lui expliquer que le traitement lui donnera des outils pour mieux se contrôler
et avoir de meilleurs résultats à l’école.
·
Éviter de multiplier les
aménagements familiaux pour encadrer l’enfant hyperactif. Cela risque
d’exagérer son sentiment de toute-puissance et d’accentuer son sentiment
d’isolement.
Approches
complémentaires
Il existe de nombreuses approches complémentaires au
traitement du TDAH. Qu’il s’agisse de restrictions alimentaires (ex. :
éviter les additifs alimentaires ou les sucres concentrés) ou de la prise de
suppléments (vitamines, minéraux), il n’existe aucune donnée scientifique
prouvant leur efficacité. La seule exception est la diète riche en oméga-3, qui
pourrait avoir un effet favorable sur la concentration.
Soins et conseils pratiques
·
Confiez à votre enfant une
seule tâche à la fois, et assurez-vous qu’il l’a bien faite avant de lui en
donner une autre. Au besoin, décomposez les consignes en étapes
faciles à comprendre et à réaliser.
·
Évitez autant que possible
de le laisser dans un groupe turbulent, ou de le mettre en présence d’une
personne agitée ou impatiente.
·
Trouvez-lui un endroit
calme où il pourra faire ses devoirs et accomplir d’autres tâches qui demandent
de l’attention.
·
Pour l’aider à se
concentrer, réduisez les sources de stimulation et de distraction dans son environnement,
comme la télévision, les jeux vidéo, la tablette et l’ordinateur. Favorisez les
activités calmes.
·
S’il a de la difficulté à
dormir, incitez-le à se dépenser physiquement durant la journée et à faire des
activités calmes avant d’aller au lit. Créez une ambiance de détente avant
l’heure du coucher (tamisez la lumière, mettez une musique douce, utilisez des
huiles essentielles aux propriétés apaisantes, etc.).
·
Ayez toujours un œil sur
lui : un enfant hyperactif risque plus que les autres de se blesser en
jouant, car il n’a pas la notion du danger.
·
La force, les cris et les châtiments
corporels ne sont en général d’aucune utilité. Lorsque votre enfant
hyperactif dépasse les limites, demandez-lui de se retirer dans sa chambre
pendant quelques minutes. Cette solution permet à chacun de retrouver son
calme.
·
Évitez de tomber dans le
cercle « agitation – punition – surveillance ». Vous risqueriez alors
de contrôler davantage un enfant qui a besoin de bouger plus que les autres.
Privilégiez donc les explications plutôt que les punitions.
·
Évitez de souligner ses
erreurs : la motivation et les encouragements donnent de meilleurs
résultats. Cultivez son estime de soi en le félicitant et en le remerciant
lorsqu’il se conduit bien.
·
Reconnaissez vos limites
avant de perdre patience et demandez de l’aide au besoin.
Comment prévenir?
On ne peut pas prévenir l’apparition du TDAH.