Migraine : que faire pour la soulager ?
La
migraine est une pathologie neurologique qui se caractérise par une douleur
lancinante, des nausées ou de la fatigue visuelle. Le point sur les symptômes,
les différences avec un simple mal de tête, la durée, les meilleurs traitements
pour la soulager avec le Dr Antoine Moulonguet, neurologue.
Définition : qu'appelle-t-on une migraine ?
La migraine est une forme particulière de céphalée ou mal de tête. La migraine, plus fréquente chez la femme que chez
l'homme, est une affection qui peut s'avérer invalidante dans la vie
quotidienne. Les douleurs provoquées par la migraine peuvent se prolonger pendant quelques
heures et durer jusqu'à 72 heures. La
migraine se caractérise par des douleurs qui peuvent être violentes et
lancinantes typiquement touchant un côté ou l'autre du crâne, mais pouvant être
diffuses. Outre la douleur, elle peut provoquer une sensibilité à la
lumière et au bruit, des nausées et des vomissements.
Migraine basilaire
Parmi les différentes
présentations, on distingue la migraine dite basilaire qui donne des céphalées de
la partie postérieure du crâne et qui s'accompagne souvent de vertiges. Un
repos dans le noir, au calme, sans effort permet de diminuer l'intensité des
douleurs et des antalgiques sont utilisés. Si les crises sont trop
handicapantes ou surviennent trop souvent, des traitements de
fond peuvent être utilisés. "Attention, c'est une forme très exceptionnelle de migraine et la migraine n'est pas le premier diagnostic à envisager
devant ces signes", nuance le Dr Antoine
Moulonguet, neurologue, auteur sous le nom d'Antoine Senanque de Guérir quand
c'est impossible aux éditions Marabout.
Personnes à risque et
durée
Les personnes à risques
sont notamment les personnes dont un parent proche présente une migraine, les
femmes qui sont deux fois plus concernées par les migraines que les
hommes. Les premières crises apparaissent durant l'enfance ou le jeune âge
adulte. Elles évoluent par crises de fréquence variable. Au-delà de
40 ans, les migraines se font plus rares et elles disparaissent souvent
après 50 ans. A noter également que les migraines sont plus importantes à
partir de la puberté et elles disparaissent souvent à la ménopause,
traduisant l'action des facteurs hormonaux.
Symptômes
Les manifestations qui
accompagnent la migraine sont généralement :
·
la photophobie (hypersensibilité à
la lumière),
·
les nausées,
·
les vomissements
·
l'impossibilité de supporter
le bruit.
·
l'irritabilité et les troubles
de l'humeur,
·
les modifications de
la vision (vue brouillée, points noirs ou lumineux dans un
champ de vision...),
·
une fatigue parfois
intense.
Céphalées, maux de tête, migraines : quelles différences ?
Les différences avec un
mal de tête banal sont les suivantes :
·
Un mal de tête plus violent et
se prolongeant plus longtemps.
·
Une douleur localisée à une
partie du crâne.
·
Une douleur lancinante et
pulsatile.
·
Des nausées et des
vomissements.
"Attention aux
céphalées qui ne sont pas des migraines et peuvent révéler une hémorragie
méningée en rapport avec la rupture d'une malformation vasculaire
intracérébral. Des examens complémentaires (scanner, IRM encéphalique) doivent
être réalisés en urgence devant toute céphalée brutale, inhabituelle ou
s'accompagnant de signes neurologiques",
avertit le neurologue.
Que faire en cas de crise de migraine ?
·
S'allonger dans une pièce
sombre à l'abri de toute source lumineuse, porter des lunettes teintées afin
d'éviter la lumière, éviter tout bruit en mettant des bouchons dans vos
oreilles et essayer de dormir.
·
Avalez un morceau
de sucre ou des boissons contenant de la caféine car la
caféine a des propriétés anti migraineuses.
·
Boire dès le début de la
crise, du café fort, du thé, du cacao ou du Coca-Cola peut aider à soulager.
·
Prendre une tisane à base
de marjolaine verveine ou jasmin peut parfois agir.
·
Appliquer sur la tête une
vessie de glace, des glaçons dans un gant de toilette ou des compresses glacées
et mettre une compresse froide sur son front peuvent aider à calmer une
crise.
·
Se masser le cuir
chevelu et le visage en profondeur. Presser la tempe à l'endroit
où la douleur est maximale.
·
Le yoga,
les massages, la relaxation : les techniques de
relaxation agissent positivement sur l'état général du migraineux et
diminuent le stress provoqué par la crise. Apprendre à respirer
calmement en effectuant des exercices respiratoires est une démarche également
très positive.
Anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS)
Selon les recommandations
actuelles, les premiers médicaments prescrits lors d'une migraine sont des Anti
inflammatoires non stéroïdiens, AINS, comme l'Ibuprofène ou le Kétoprofène.
Ces antalgiques non spécifiques qu'il faut toujours avoir avec soi peuvent
soulager toutes les douleurs. Il est nécessaire de les prendre dès que la
douleur s'installe car ils seront plus efficaces.
Triptans
Si un traitement par AINS
est inefficace, des médicaments de la famille des Triptans, sont conseillés. Il
est également possible de débuter par un Triptan, puis passer aux AINS en cas
d'échec ou de prendre les deux médicaments en même temps. Ils s'utilisent sous
la forme de vaporisateurs nasaux ou sous forme de comprimés. Les triptans
peuvent soulager certaines crises en 2 heures dans près de 2 cas sur
3. Dans certaines situations plus sévères, ils peuvent être prescrits sous
forme d'injection sous cutanée, surtout s'il y a des vomissements. Ils doivent
être pris au début de la phase douloureuse de la crise, au plus tard dans
l'heure qui suit le déclenchement de la crise migraineuse. Il ne faut surtout
pas attendre en pensant que la douleur cèdera spontanément. L'activité peut
être reprise rapidement dès que la crise est terminée. Un triptan peut se
révéler inefficace ou mal toléré : il est nécessaire de le tester sur
plusieurs crises et d'essayer des molécules différentes de cette classe afin de
trouver la plus efficace.
Chaque triptan a une
efficacité et des effets secondaires qui varient selon chaque
personne. Chaque migraineux doit ainsi trouver le triptan qui lui convient le
mieux. Les effets secondaires n'ont le plus souvent pas de conséquence
sévère. Ils sont fréquemment observés lors des premières prises uniquement.
Sensations de chaleur, fourmis dans les membres et oppression thoracique sont
les effets le plus souvent rencontrés. Les triptans peuvent être
contre-indiqués avec d'autres médicaments que le médecin prescripteur vous
indiquera. "Leur utilisation est contre-indiqués en cas d'antécédents
vasculaires (infarctus du myocarde, AVC) et d'hypertension artérielle mal
contrôlée", précise le spécialiste.
Traitement
de fond
Une personne prenant un
traitement pour une crise de migraine plus de huit jours par mois, doit envisager
d'avoir un traitement de fond, ceci afin d'éviter tout
abus médicamenteux et de prévenir la survenue des crises. "C'est donc la fréquence des crises qui conduit à faire envisager un
traitement de fond à prendre tous les jours en prévention",
remarque le neurologue.
De nombreux médicaments de différentes classes peuvent aider à
prévenir la survenue des crises de migraines et être prescrits comme
traitement de fond. Ces médicaments sont prescrits par un médecin lorsque les
migraines sont fréquentes, d'une intensité violente et lorsqu'elles
retentissent sur l'activité familiale et professionnelle. Les objectifs du traitement de fond permettent de
diminuer la fréquence et l'intensité des crises migraineuses ainsi que la
sensibilité aux facteurs déclenchants. Il faut souvent attendre entre
2 et 3 mois avant de constater les premiers effets positifs. Il faut
s'accrocher, ne pas baisser les bras et ne pas arrêter sans l'avis du
médecin prescripteur. Plus de 3 patients sur 4 sont soulagés par ces
traitements et constatent une diminution de l'intensité et de la fréquence des
crises. Selon la fréquence et l'intensité des crises, le médecin pourra
proposer différentes classes de médicaments.
Bêta-bloquants
Les bétabloquants agissent
sur les récepteurs vasculaires de certaines hormones comme
les catécholamines. Ces médicaments doivent être prescrits après un examen
et un interrogatoire minutieux en raison des nombreuses contre-indications qu'ils
présentent, notamment l'asthme et certains troubles du rythme cardiaque.
Antidépresseurs
Certains antidépresseurs prescrits
à faible dose ont des effets positifs sur la migraine.
Antisérotoninergiques
Les antisérotoninergiques
jouent un rôle sur le principal neuromédiateur, la sérotonine, en cause
dans la survenue de crises migraineuses.
Inhibiteurs du calcium
Les inhibiteurs du
calcium peuvent avoir un effet bénéfique sur la migraine.
Alphabloquants
Les alpha-bloquants peuvent
également permettre de soulager certaines migraines.
Dérivés de l'ergot de
seigle
Les dérivés de l'ergot de
seigle entraînent une constriction des artères cérébrales
et provoquent un effet anti-inflammatoire spécifique. "Ils sont aujourd'hui beaucoup plus
rarement utilisés qu'autrefois, compte tenu des risques d'effets secondaires et
des associations médicamenteuses contre-indiquées", commente le Dr Moulonguet. Les dérivés de l'ergot de
seigle sont contre-indiqués dans les maladies artérielles en raison de leur
effet constricteur des artères : angine de poitrine et maladies
coronariennes, hypertension artérielle, artérite des membres inférieurs,
syndrome de Raynaud, insuffisance hépatique ou insuffisance rénale. Ils
sont toujours contre-indiqués au cours de la grossesse et de l'allaitement.
Ils sont contre-indiqués avec les triptans, les macrolides et la
vibramycine.
Les effets secondaires des dérivés de l'ergot de seigle les plus fréquents sont
nausées, vomissements, palpitations, somnolence, crampes. Le plus
sévère et le plus rare : L'ergotisme, qui peut se constater lorsqu'un de
ces médicaments est prescrit avec certains antibiotiques du groupe des
macrolides.
Attention : Certains médicaments utilisés dans le traitement de fond de la
migraine comme les bêta-bloquants par exemple, peuvent également augmenter le
risque d'ergotisme lorsqu'un dérivé de l'ergot de seigle leur est
associé.
Traitement hormonal
"Un traitement
hormonal est parfois envisagé chez certaines femmes et lors des migraines dites
cataméniales rythmées par les règles", explique le neurologue.
L'injection de toxine
botulique
L'injection de toxine
botulique qui s'adresse aux patients atteints de migraines chroniques, qui
souffrent de céphalées plus de quinze jours par mois dont huit jours de
migraine, est utilisée en dernier recours, quand tous les autres traitements
ont été des échecs. "Le mécanisme reste discuté, une action sur les contractures
musculaires accompagnant la crise est envisagée", remarque le spécialiste.
L'électrostimulation des
nerfs occipitaux
L'électrostimulation des
nerfs occipitaux est également réservée aux personnes n'étant pas soulagées par
les traitements habituels. Elle est proposée exceptionnellement, à des
migraineux chroniques. Deux électrodes, qui sont reliées à un boîtier, sont
placées sous la peau, en contact avec le nerf occipital entraînant des
modifications au niveau du nerf trijumeau, impliqué dans la crise de
migraine.
Que faire pour la soulager naturellement ?
L'acupuncture peut
apporter une aide précieuse aux migraineux souffrant plus de six jours par
mois. L'hypnose et la relaxation sont également souvent conseillés.
Consulter un psy ?
Des séances chez un
"psy" peuvent apporter dans certains cas une aide précieuse pour
mieux vivre avec cette maladie, sans bien sur éliminer les autres
traitements.
Prudence avec l'automédication
L'automédication et les
abus médicamenteux sont fréquents chez les personnes migraineuses. Prendre plus
de 2 semaines par mois des antalgiques classiques
(aspirine, paracétamol ou ibuprofène) ou 10 jours par mois
des antidouleurs spécifiques comme les triptans sont considérés comme des
abus de médicaments.
Que faire quand on est
enceinte ?
"La plupart des antimigraineux sont contre-indiqués dans le
cadre d'une grossesse. Il faut s'orienter vers le paracétamol et les médecines
douces", conseille le Dr Moulonguet.