Quand nos parents perdent la mémoire?
À
quel moment les pertes de mémoire deviennent-elles inquiétantes?
Schématiquement, lorsqu’un patient se plaint de sa mémoire, il ne s’agit pas de la maladie d’Alzheimer, mais plus probablement d’oublis bénins. Tout le monde se plaint se sa mémoire. Au contraire, un vrai malade ne se plaint pas. En effet, il ne se rend pas compte qu’il est malade. C’est ce qu’on appelle l’anosognosie, c’est-à-dire qu’il est atteint de troubles dont ils ne se rendent pas compte.
Par ailleurs, les pertes de mémoire ne permettent pas, à elles seules, de diagnostiquer la maladie. Le malade peut présenter des troubles associés: difficultés du langage (oubli de noms propres régulièrement) ou troubles de la perception visuelle (difficulté pour reconnaître des visages).
D’autres
patients ont du mal à faire des gestes de la vie courante (mauvaise
coordination), ou ont des troubles émotionnels (irritabilité, agressivité).
Comme
il s’agit d’une maladie neurodégénérative, le diagnostic se fait en deux temps.
Lors d’une première consultation, nous constatons ces symptômes chez les
patients. Mais seule l’aggravation de ces manifestations cliniques, constatées
lors d’un second entretien, permet de suspecter un diagnostic d’Alzheimer. Ce
dernier est ensuite confirmé grâce à des tests neuropsychologiques (mémoire,
langage, stratégie intellectuelle) et des examens, tels que l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Existe-t-il
un traitement dans la maladie d’Alzheimer?
Il
n’existe malheureusement aucun traitement curatif pour la maladie d’Alzheimer. Comme
pour aucune maladie neurodégénérative d’ailleurs. Cependant, nous pouvons
améliorer les symptômes de la maladie. Par exemple, il y a des médicaments qui
permettent d’améliorer un peu la mémoire ou des médicaments psychiatriques qui
sont utiles lorsque les patients sont agressifs, angoissés ou déprimés.
La
prise en charge non médicamenteuse peut également soulager les malades, mais
cela n’a pas d’efficacité sur l’évolution de la maladie. Cela consiste, en
premier lieu à les écouter et les faire parler. Le but de ce traitement est de
désangoisser les malades. Par exemple, pour des personnes qui perdent le
langage et cherchent leurs mots, nous pouvons leur faire chanter des chansons
de leur enfance, dont ils se souviennent.
Avons-nous
un espoir de trouver un jour un traitement pour cette pathologie?
La
réponse est oui et non. Cela fait 30 voire 40 ans que de nombreuses équipes,
telle que la mienne, tentent de trouver des traitements préventifs ou curatifs
de la maladie. Et cela sans résultats, pour quatre raisons.
Premièrement,
le cerveau est un organe extrêmement compliqué: dans un millimètre cube de
tissu cérébral, il y a près d’un milliard de connexions nerveuses.
Deuxièmement, il n’y a pas seulement une maladie d’Alzheimer mais il y a
beaucoup de tableaux cliniques qui sont différents. Certaines formes commencent
par des troubles du langage, d’autres de la perception, ou des troubles
caractériels.
Troisièmement,
le but serait de diagnostiquer la maladie le plus tôt possible pour que le
traitement soit efficace. Mais pour le moment le diagnostic est souvent tardif:
trois quatre ans en moyenne après les premiers symptômes. Enfin, avec la
multitude des formes de la maladie, il faut certainement s’attendre à trouver
un traitement pour une forme de la maladie.