Hémorroïdes internes et externes : qu'est-ce que c'est ?
Les hémorroïdes sont provoquées par la dilatation anormale de veines situées au niveau de l'anus et du rectum. Elles peuvent être internes ou externes selon le plexus veineux affecté. Les symptômes restent globalement les mêmes selon la localisation des hémorroïdes.
Les hémorroïdes, qu'est-ce que c'est ?
Les hémorroïdes sont des dilatations des veines situées dans la
sous-muqueuse du canal anal qui joue un rôle physiologique dans la continence en
contribuant à la fermeture
de l'orifice anal.
On distingue sous l'appellation d'hémorroïdes, l'atteinte
de deux structures vasculaires distinctes :
·
Le plexus hémorroïdaire externe,
dont l'atteinte forme des hémorroïdes externes.
·
Le plexus hémorroïdaire
interne, dont l'atteinte forme des hémorroïdes internes.
Les causes des hémorroïdes
Une crise hémorroïdaire peut avoir pour origine :
·
Des troubles
du transit intestinal (constipation ou diarrhée) ;
·
Chez la femme : phase
prémenstruelle, grossesse, accouchement
·
La sédentarité.
D'autres facteurs favorisants ont une responsabilité
discutée :
·
Certains sports : cyclisme,
équitation...
·
Les professions exposées
: chauffeurs, pilotes...
·
L'alimentation :
épices, alcool...
·
Certains médicaments :
antidépresseurs...
·
Des médicaments locaux : suppositoires,
lavements, savonnages irritants...
Les signes d'une crise hémorroïdaire
Hémorroïdes externes et internes
Les hémorroïdes externes sont visibles au-dessous de l'anus.
Les hémorroïdes internes ne sont visibles qu'au cours d'une anuscopie. Elles peuvent ne donner aucun symptôme, ou faire
saillie, en permanence ou à la poussée ou à l'effort, dans le canal anal.
Symptômes communs
La maladie hémorroïdaire peut se traduire cliniquement par
trois types de signes qui sont déjà des complications :
·
Les saignements
ou rectorragies ;
·
La perception d'une boule
dans l'anus ;
·
La douleur
anale ;
·
Des démangeaisons.
Les rectorragies
L'hémorragie hémorroïdaire est typiquement faite de sang rouge rutilant survenant à la fin des
selles. Généralement peu abondante, elle tache le papier toilette ou éclabousse
la cuvette.
Elle peut être à l'origine d'une anémie par sa répétition.
L'aspect rouge vif du saignement signifie que la maladie
hémorroïdaire est plus artérielle que veineuse. Il existe en effet d'importantes communications
artério-veineuses au niveau des plexus.
L’anus-copie révèle une muqueuse congestive parcourue par de fins
vaisseaux rouges. Même si les hémorroïdes sont l'une des causes les plus
fréquentes de rectorragies, une coloscopie recherche toujours une lésion recto-colique (cancer etc.) susceptible
de saigner.
Perception d'une boule anale
La procidence hémorroïdaire est l'extériorisation des hémorroïdes internes. Le patient
consulte alors pour une
boule sortant par le canal anal à l'occasion des selles, à l'effort ou bien en
permanence. L'examen proctologique
permet une classification de la procidence selon le stade évolutif guidant les
indications thérapeutiques :
·
Stade I : hémorroïdes faisant saillie
dans le canal anal lors des efforts de poussée sans s'extérioriser ;
·
Stade II : hémorroïdes s'extériorisant à
l'effort mais réintégrant le canal anal spontanément;
·
Stade III : hémorroïdes s'extériorisant à
l'effort mais réintégrant le canal anal après la pression des doigts ;
·
Stade IV : procidence hémorroïdaire
permanente.
La perception d'une boule dans l'anus peut également
correspondre à une thrombose hémorroïdaire mais dans ce cas, c'est surtout
pour la douleur anale que le patient consulte.
Douleur anale
Permanente, elle oriente vers une thrombose ou un abcès ; pulsatile, elle fait rechercher un abcès. Provoquée par
la défécation, elle oriente vers une fissure anale.
La thrombose est une complication fréquente des hémorroïdes. Elle pose
des problèmes
pratiques différents selon qu'elle siège au niveau des plexus
hémorroïdaires externes ou internes. Il s'agit en fait le plus souvent de
la constitution d'un
hématome plutôt que d'une thrombose véritable. Il n'y a aucun risque d'embolie pulmonaire et l'évolution est toujours bénigne.
·
La thrombose
hémorroïdaire externe est la plus fréquente.
Typiquement elle débute brutalement par une douleur anale intense, permanente,
présente la nuit, indépendante des selles, empêchant parfois la position assise. Dès l'inspection de la marge anale, le médecin constate
une tuméfaction
sous-cutanée, bleutée, dure et douloureuse à la pression,
correspondant au caillot, parfois associée à un œdème. L'évolution immédiate se fait vers une disparition des symptômes en quelques jours. Parfois la nécrose spontanée du sac contenant le
caillot entraîne un saignement
qui soulage le malade. Plus tard, elle peut laisser comme séquelle un repli cutané :
marisque.
Les marisques sont des replis cutanés indolores au niveau de la
marge anale, volontiers étiquetés hémorroïdes externes par les
patients. Elles doivent aussi être différenciées des condylomes acuminés. Elles ne nécessitent aucun traitement sauf si elles sont associées à un prurit qu'elles
peuvent entretenir, ou à la demande du malade pour raison esthétique ou pour
difficultés à l'essuyage.
·
La thrombose
hémorroïdaire interne est le plus souvent extériorisée.
Survenant généralement sur une maladie hémorroïdaire
ancienne et procidence, elle se présente sous la forme d'un prolapsus tendu
et irréductible, très douloureux, avec une zone périphérique œdémateuse et une
zone centrale rougeâtre. Elle peut être
localisée ou intéresser toute la circonférence anale. Parfois, la thrombose
hémorroïdaire interne ne s'extériorise pas. Perçue au toucher anal, elle est
visible lors de l'anuscopie sous forme d'un petit caillot bleuté.
·
La fissure
anale touche aussi bien l'homme que la femme.
La fissure anale est une ulcération chronique
et récidivante de l'anus située le plus souvent au pôle postérieur. La douleur de la fissure est vive à type de brûlure qui suit
après un intervalle libre de 10 à 15 minutes une selle douloureuse ou non.
C'est parfois une rectorragie rythmée par les selles qui inquiète le
patient. Le déclenchement
obligatoire de la douleur par une selle, la durée de la douleur (une ou deux
heures), la sensation fréquente d'anus serré sont très évocateurs. La fissure est visible à l'examen de l'anus en déplissant
lentement et doucement les plis radiés.
Il n'y a pas de traitement médical de la fissure. Les
produits cicatrisants, les laxatifs, la régularisation du transit intestinal ne
suffisent pas.
Une injection
anesthésiante locale (lidocaïne) est le
premier traitement de la fissure jeune récente. Dans un deuxième temps l'injection de liquide sclérosant au niveau de la fissure est souvent suffisante. Certains préfèrent
pratiquer une infiltration anesthésiante du sphincter anal.
En cas d'échec de ce traitement ou en cas de fissure
ancienne, seule la chirurgie
est efficace sur le spasme du sphincter anal qui entretient la
douleur : le chirurgien pratique une sphinctérotomie latérale.
Examens et analyses complémentaires
L'existence de symptômes évocateurs impose un examen
proctologique complet en position genu pectorale (patient à genoux sur la table d'examen) avec anuscopie et rectoscopie. Au moindre doute le médecin complète cet examen par une
coloscopie afin d'éliminer une lésion organique située
plus haut.
Traitement des hémorroïdes
Les mesures hygiéno-diététiques
Elles reposent sur des conseils utiles :
·
Hygiène de vie régulière évitant tous les
excès ;
·
Supprimer les épices et les boissons
alcoolisées ;
·
Régulariser le transit intestinal. En cas de
constipation fréquente, suivre un régime riche en fibres alimentaires,
éviter les laxatifs stimulants et alterner les laxatifs osmotiques, de
lest ou lubrifiant ;
·
En cas de démangeaisons de
l'anus, remplacer le papier hygiénique habituel par du coton
imbibé de lotion à base d'huile d’amande douce…..
Les médicaments
Les veinotoniques sont utiles au cours des poussées aiguës bien que la maladie hémorroïdaire ne soit pas à proprement
parler une maladie veineuse. Les traitements locaux (pommades,
crèmes, suppositoires) sont très efficaces.
Le traitement instrumental
Il est effectué à distance d'une période inflammatoire ou
congestive. Il repose sur 5 techniques effectuées chacune au cours d'une
anuscopie :
·
Les injections
sclérosantes consistent à injecter dans la sous-muqueuse, au-dessus
des hémorroïdes, 1 à 2 centimètres-cubes d'un produit sclérosant. Les
indications posologie élevée pendant 5 jours sont les rectorragies et les
procidences hémorroïdaires de stade I. La récidive des symptômes après le
traitement doit faire envisager un autre type de thérapeutique.
·
La photocoagulation utilise
une sonde infrarouge. Effectuée en zone sus-hémorroïdaire, elle provoque une
coagulation vasculaire et une sclérose sous-muqueuse cicatricielle.
Son efficacité est comparable à celle des injections sclérosantes et elle en a
les mêmes indications.
·
La destruction
par laser peut être indiquée.
·
Les ligatures
élastiques consistent à placer
un anneau élastique à la base du paquet hémorroïdaire, en zone
sus-hémorroïdaire, grâce à un appareillage permettant une aspiration de la
muqueuse. Cette technique réalise une véritable hémorroïdectomie (ablation des
hémorroïdes) a minima, la nécrose ischémique tissulaire avec élimination de
l'hémorroïde se faisant en une semaine environ. Les indications de ce
traitement sont les hémorroïdes procidentes stade I ou II, c'est-à-dire les
hémorroïdes pour lesquelles les injections sclérosantes peuvent être
insuffisantes et la chirurgie non encore indiquée.
·
La cryothérapie consiste
à provoquer une congélation du tissu hémorroïdaire qui ensuite se
nécrose au moyen d'une sonde parcourue par du protoxyde
d'azote. Généralement associée aux ligatures, elle semble en augmenter
l'efficacité.
La chirurgie
L'indication du traitement chirigucal peut être posée
d'emblée devant une procidence hémorroïdaire permanente (stade III) ou une thrombose hémorroïdaire interne circulaire
irréductible. Ailleurs, la chirurgie ne sera indiquée qu'après échec des traitements médicaux et
instrumentaux bien conduits et devant une maladie hémorroïdaire
invalidante.
Le traitement des thromboses utilise surtout l'excision, chaque fois qu'elle est possible. Elle est réalisable au
cabinet du médecin sous
anesthésie locale à la xylocaïne.
Les formes semi-circulaires ou circulaires, souvent très
œdémateuses, peuvent nécessiter une hémorroïdectomie (ablation des
hémorroïdes) en urgence. Cette intervention est bien codifiée et ses résultats
à long terme sont excellents lorsqu'elle est pratiquée par un opérateur entraîné. Les soins postopératoires sont essentiels. Ils ont pour but de faciliter le transit intestinal et de
favoriser la cicatrisation.