qu'est ce qu'une
intoxication alimentaire ?
L'intoxication alimentaire ou toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est
une maladie courante, généralement bénigne mais qui, parfois, peut être grave
voire mortelle. Une intoxication alimentaire est souvent infectieuse et
accidentelle, contractée la plupart du temps à la suite de l'ingestion de
nourriture ou de boissons contaminées par des agents pathogènes.
Quels sont les symptômes de l'intoxication alimentaire ?
Les symptômes des TIAC dépendent de l’agent
pathogène en cause mais ils ont tous un retentissement sur
l’état général du patient.
Les symptômes spécifiques sont souvent digestifs bien
que certains facteurs pathogènes puissent avoir une expression neurologique.
Ainsi, en fonction de l’agent pathogène, le patient
peut présenter les symptômes suivants :
·
fièvre pouvant être élevée
frissons, sueurs,
·
sensation de malaise,
faiblesse, douleurs musculaires,
·
douleurs abdominales,
·
nausées, vomissement,
·
diarrhées pouvant prendre un
aspect glairo-sanglant ou cholériforme,
·
syndromes occlusifs,
·
troubles neurologiques moteurs
ou sensitifs (problèmes de langage, troubles visuels, difficultés
respiratoires, paralysie...).
·
Et bien sûr une déshydratation
qui peut être problématique si elle est importante.
Quelles
sont les causes de l'intoxication alimentaire ?
·
La contamination des aliments
consommés peut avoir lieu dans l’aliment lui-même ou dans le tube digestif.
·
Les agents pathogènes
responsables peuvent être certaines bactéries (Salmonella, Escherichia coli, Staphylococcus, Campylobacter...)
ou leurs toxines (sécrétés par elles même), des virus
ou des parasites.
Ces agents pathogènes sont le plus
souvent retrouvés dans les viandes blanches
ou rouges non ou mal cuites, les aliments à base d’œufs, le lait cru, encore les fruits de mer.
Comment éviter les intoxications alimentaires ?
Le conseils du Docteur Choukri Ben Omrane
:
"bien se laver les mains, faire attention à la qualité et à la
fraîcheur des aliments et de consulter rapidement en cas de symptômes
évocateurs."
Quels facteurs de risques ?
La contamination résulte habituellement de :
·
De leur stockage et
conservation : non-respect de la chaine du froid, erreurs dans le
processus de préparation des aliments, délai trop important entre préparation
et consommation, négligence des dates de péremption...
·
D'une hygiène déficiente.
·
D'une cuisson insuffisante.
La contagion dépend du type d’agent pathogène et sa lutte repose en partie
sur les conditions d’hygiène.
Personnes à risque
Toutes les personnes peuvent en être victime. Une attention et vigilance
particulière doivent être de mise chez certaines personnes :
·
particulièrement fragiles :
sujets immunodéprimés, polypathologiques, âgés, ou encore les nourrissons et
femmes enceintes,
·
isolées ou appartenant à un milieu
social défavorisé,
·
de retour de voyage et ayant été
lors ce celui-ci plus exposées à des agents pathogènes.
Contamination
Il peut être difficile de savoir si un aliment ou une boisson est
contaminé(e), car son aspect, son goût et son odeur peuvent être inchangés.
L'intoxication alimentaire peut affecter une personne, ou bien un groupe de
personnes si elles ont toutes mangé le même aliment contaminé.
Les principaux agents responsables sont :
·
Des bactéries ou leurs toxines : substances toxiques qu'elles
sécrètent.
L’intoxication est due à de l’eau
souillée ou à une sous-cuisson des aliments, surtout de la viande, de la
volaille, du poisson, des œufs… Les types de bactéries infectieuses les plus
courantes sont le Campylobacter, l’E. Coli, la shigella et
la salmonelle.
Les bactéries opportunistes - salmonelle, listeria et E. coli - se greffent
souvent sur les légumes crus, la volaille, le bœuf et autres aliments pour
pénétrer un hôte humain, provoquant des millions de maladies d'origine
alimentaire chaque année.
En outre, une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université du
Delaware Harsh Bais et Kali Kniel et leurs collaborateurs suggère que des
souches sauvages de salmonelles pourraient contourner le système de défense
immunitaire d'une plante, pénétrant dans les feuilles de laitue via
les minuscules pores respiratoires de la plante appelés
"stomates". La plante ne présenterait aucun symptôme de cette
invasion. Une fois à l'intérieur, les agents pathogènes ne peuvent pas être
évacués même si la plante est lavée.
·
Les virus
Le plus fréquent est le norovirus, qui représente la cause la plus
fréquente de gastroentérite épidémique. Il est aussi retrouvé dans certains
produits agricoles et marins. La contamination à lieu lorsque les produits ont
été en contact avec de l’eau souillée ou lorsqu’ils ont été consommés crus ou
insuffisamment cuits.
·
Les parasites
Les parasites les plus fréquemment
retrouves sont le Giardia intestinalis et
l'Entamoeba histolytica retrouvés dans les fruits et les légumes frais ainsi
que dans l’eau souillée.
·
D’autres facteurs pathogènes peuvent
être responsables de TIAC comme les champignons.
Certains contiennent une toxine qui attaque le système nerveux, certains
microorganismes aquatiques (comme les dinoflagellata) dont
la contamination se fait via l’ingestion de produits de la mer, ou encore les
substances chimiques comme les insecticides.
Durée
Le délai entre la consommation d'un aliment souillé et la survenue du
premier symptôme de la maladie (période d’incubation) est différent
pour chaque sorte d’intoxication alimentaire. Certaines causes produisent des
symptômes en l'espace de 30 minutes ou de quelques heures, mais dans la plupart
des cas, les intoxications alimentaires entraînent des symptômes au bout
de 12 à 72 heures.
Qui, quand consulter pour une intoxication alimentaire ?
Le plus souvent, les signes de
l'intoxication alimentaire disparaissent spontanément au bout de 1 à 3 jours,
sans que vous ayez à consulter. La plupart des personnes guérissent entièrement
en l'espace d'une semaine.
Cependant, en fonction de votre état
général (âge, grossesse…), du facteur pathogène en cause et de votre santé de
base, l’intoxication peut se poursuivre et nécessiter l’avis du médecin
rapidement pour évaluer votre état et mettre en place une prise en charge
adaptée. Toute automédication serait potentiellement dangereuse.
Quelles sont les complications de
l'intoxication alimentaire ?
L’évolution d'une intoxication
alimentaires est bénigne dans la très grande
majorité des cas. Cependant les complications peuvent
apparaître et nécessiter une prise en charge particulière. Votre médecin pourra
apprécier les situations d’urgence qui peuvent être :
·
la déshydratation,
·
le sepsis (septicémie),
·
la survenue d’un syndrome occlusif,
·
la présence de signes neurologiques
(troubles du langage par exemple).
Le terrain sur lequel survient la TIAC
peut être synonyme d’urgence, les types de personnes
suivants doivent bénéficier d'une prise en charge rapprochée :
·
les nourrissons de moins de 3 mois,
·
les individus à l’état de santé
précaire,
·
ceux présentant des vomissements
incessants empêchant toute réhydratation orale impossible,
·
ceux ayant une diarrhée au retour d’un
pays d’endémie palustre (zones de paludisme),
·
ceux ayant isolement social ou un
milieu social défavorisé.
Examens et analyses
Habituellement aucun examen complémentaire n’est nécessaire, en raison de
la résolution rapide des symptômes chez le sujet sain.
Ces examens sont à discuter en fonction des indications, les principaux
sont :
·
La coproculture :
en cas de TIAC a priori bactérienne ou de retour des tropiques. Elle
permet d’identifier les bactéries pathogènes comme la salmonella, la shigella,
la yersinia ou le Campylobacter. La recherche de toxines de Clostridium n’est
pas systématique (en général, elle est demandée dans un contexte de prise
d’antibiotique dans les 3 derniers mois). Les résultats de la coproculture
nécessitent un minimum de 2 à 3 jours, temps pour la mise en culture et la
réalisation d’un antibiogramme. Les antibiotiques ne doivent pas être pris
avant le prélèvement.
·
L’examen parasitologique des selles : permet de
mettre en évidence les parasites.
·
l-Les examens permettant d’évaluer le
retentissement sur l’état général : numération de la formule sanguine,
ionogramme sanguin, créatinine, bilan
hépatique, hémocultures…
·
les examens endoscopiques (recto-sigmoïdoscopie, plus rarement coloscopie) :
ils ne sont pas systématiques et sont réalisés en cas de diarrhée persistante,
d’absence de cause retrouvée et en cas d’immunodépression
Comment traiter une intoxication
alimentaire ?
Le traitement des TIAC repose sur plusieurs principes :
·
Corriger ou prévenir la déshydratation, par voie orale ou par voie veineuse si
voie orale impossible en raison de nombreux vomissements, de l’importance de la
déshydratation ou si présence de signes de gravité.
·
Réduire l’intensité de la
diarrhée : les antisécrétoires comme le racécadotril peuvent être utilisés
mais sont peu efficaces, par contre, les ralentisseurs du transit comme le
lopéramide sont absolument contre indiqués.
·
L’antibiothérapie : n’est pas systématiquement
indiquée. Inefficace dans les infections virales, elle est indiquée quand une
bactérie semble en cause et en fonction de la clinique et du terrain.
·
L’hygiène, bien entendu.
Comment prévenir l'intoxication alimentaire ?
La TIAC est une maladie à déclaration obligatoire auprès de L’ARS (Agence
Régionale de Santé). La déclaration se fait par le médecin. Sa prévention passe
par le respect de règles au niveaux national, de la part des professionnels
mais aussi chez soi.
Au niveau national :
·
Service d'inspection vétérinaire pour :
o Contrôler les
élevages, l'abattage des bêtes et les produits alimentaires qui en sont issus
o Contrôler les
fermes, les boucheries, les usines agro-alimentaires, magasins, restaurants...
·
Service de répression : mise en
place d’une obligation de traçabilité pour
o identifier
des lots de produits alimentaires et les retirer en cas de risque sanitaire.
·
L'Agence française de sécurité sanitaire
des aliments (AFSSA, devenue ANSES) pour :
·
Veiller à l'évaluation des risques de la
sécurité alimentaire
Les professionnels doivent adopter :
·
Des mesures d'hygiène :
habits, matériel de qualité alimentaire, nettoyage des mains et des ustensiles,
chaîne du froid, formation du personnel, règles pour les employés malades,
identification des aliments à risque, séparation des aliments crus des aliments
cuits, « marche en avant »...)
·
Une surveillance des risque s :
prélèvements réguliers à des fins d'analyse, procédures HACCP... Certains
aliments sont irradiés (ou ionisés), éliminant le microbiote afin de prolonger
la date limite de consommation, permettre un stockage prolongé et une
exportation éventuelle ; la réduction du risque d'intoxication alimentaire
étant majoritairement invoquée.
Du côté des particuliers :
Le moyen essentiel de prévention
des diarrhées aiguës bactériennes repose surtout sur
la sécurité alimentaire. Ainsi, de bonnes pratiques
d’hygiène avant, pendant, et après la préparation de la nourriture peuvent
réduire les risques des toxi-infections.
·
Ne pas ingérer d’aliments ayant un
aspect douteux.
·
Lavez-vous les mains avant de manipuler
les aliments ou de toucher des aliments prêts à consommer et avant chaque
repas.
·
Placez les aliments froids dans le
réfrigérateur ou dans le congélateur dès que vous revenez des courses et
maintenez toujours la viande et le poisson crus dans la partie basse du
réfrigérateur.
·
Veillez à décongeler et à cuire la
viande soigneusement afin de tuer toute bactérie nocive.
·
Utilisez différentes planches à couper
pour les aliments crus et pour les aliments prêts à consommer.
·
Veillez à ce que tous les aliments
réchauffés soient très chauds.
·
Rincez les fruits et légumes à l'eau courante.
·
Évitez le lait cru, les œufs crus et la
viande peu cuite.
·
Ne laissez pas le jus de viande crue
entrer en contact avec d'autres aliments.
·
Tenez les animaux domestiques à l'écart
des plans de travail et des aliments.
·
Ne laissez pas des aliments hors du
réfrigérateur plus de deux heures ou, par temps chaud, plus d'une heure.
·
Placez les restes cuits dans le
réfrigérateur dès qu'ils ont refroidi.
·
Si vous avez des coupures sur les
doigts, couvrez-les d'un pansement avant de toucher des aliments.
·
En zone tropicale, il est nécessaire
aussi de laver tous les aliments avec de l’eau purifiée et ne pas consommer de
l’eau du robinet.