Traitement des crises de goutte
· Médicaments pour
soulager la douleur et le gonflement liés à l’inflammation
· Repos,
immobilisation de l’articulation douloureuse avec attelle et glace
· Modifications du
régime alimentaire et perte de poids pour diminuer le taux d’acide urique et
contribuer à prévenir le risque de crises ultérieures
· Médicaments visant à prévenir les crises en évitant l’inflammation causée par les
cristaux
· Médicaments visant à réduire le taux d’acide urique et à dissoudre les cristaux (façon la plus efficace de guérir la goutte et de mettre un terme aux crises, mais il faut du temps pour
dissoudre tous les dépôts)
Le traitement de la goutte poursuit trois objectifs :
· Soulagement de la
crise inflammatoire aiguë
· Prévention des
futures crises
· Prévention du dépôt d’acide urique dans les tissus en réduisant les taux d’acide urique
dans le sang
Soulagement des crises de goutte aiguësLes anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent efficaces dans lesoulagement de la douleur et sur le gonflement de l’articulation. Parfois, des analgésiques supplémentaires sont nécessaires pour prendre en charge la douleur.Le traitement par AINS doit être poursuivi plusieurs jours après la résolution de la douleur et de l’inflammation pour empêcher leur réapparition (appelée rechute). Les inquiétudes associées à ces médicaments sont liées à l’irritation de l’estomac, aux interactions avec les anticoagulants et à la diminution temporaire de la fonction rénale.
La colchicine a longtemps été le traitement de première intention le plus fréquemment utilisé, mais ne l’est plus. Généralement, les douleurs articulaires commencent à régresser après 12 à 24 heures de traitement par colchicine et disparaissent dans les 3 à 7 jours. Deux comprimés de colchicine sont généralement administrés dès que possible après l’apparition des symptômes de la crise. Un troisième comprimé est pris 1 heure plus tard. Ce traitement est poursuivi le jour suivant en prenant 1 comprimé par jour ou deux fois par jour pendant 7 à 10 jours. La colchicine peut provoquer une diarrhée.
Des corticoïdes, comme la prednisone, sont parfois utilisés afin de réduire l’inflammation articulaire (y compris le gonflement) chez les personnes ne tolérant pas les autres médicaments.
Si l’affection ne touche qu’une ou deux articulations, on peut pratiquer une infiltration de corticoïdes, comme la prednisolone tébutate, avec l’aiguille utilisée lors de la ponction articulaire.
Comme pour le traitement par AINS et colchicine, les corticoïdes pris par voie orale doivent être poursuivis pendant quelques jours après résolution totale de la crise pour prévenir une rechute.
Parfois, des associations de ces médicaments peuvent être administrées.
Outre les AINS, la colchicine ou les corticoïdes, d’autres analgésiques, le repos, l’immobilisation avec une attelle et la glace peuvent être utilisés pour réduire la douleur. Pour les personnes ne tolérant pas les corticoïdes, la colchicine ou les AINS, il est possible d’utiliser des médicaments particuliers qui suppriment le système immunitaire et le système inflammatoire (comme des injections quotidiennes d’anakinra par exemple). En cas de problème sous-jacent, comme une maladie rénale chronique ou un ulcère gastroduodénal, ou si la personne prend certains médicaments (comme des anticoagulants), il se peut que les traitements habituels de la goutte ne puissent pas être utilisés ou qu’ils doivent être modifiés.
Prévention des futures crises de goutte
Les mesures suivantes peuvent permettre de prévenir d’autres crises de goutte :
· Éviter les boissons alcoolisées (comme la bière et les spiritueux) et la bière sans alcool
· Perdre du poids
· Arrêter les médicaments qui font augmenter le taux d’acide urique dans le sang
· Consommer moins d’aliments riches en purine
· Remplacer les produits laitiers à faible teneur en matières grasses par d’autres aliments
Toutefois, il est rare que ces mesures suffisent.
La plupart des personnes présentant une goutte primitive sont en surpoids. En perdant progressivement du poids, leur taux d’acide urique dans le sang diminue souvent mais généralement pas suffisamment pour dissoudre les dépôts d’acide urique.
Un traitement médicamenteux préventif quotidien peut être nécessaire chez les personnes ayant présenté des crises répétées et sévères. La colchicine peut être administrée tous les jours pour prévenir les crises ou réduire considérablement leur fréquence. Les AINS pris quotidiennement peuvent également prévenir les crises. Ces médicaments contribuent à prévenir la formation de cristaux responsables de l’inflammation qui donne lieu aux crises. Néanmoins, la colchicine et les AINS peuvent provoquer des effets secondaires.
Les personnes atteintes de goutte, qui prennent un diurétique (hydrochlorothiazide, par exemple) pour traiter leur hypertension artérielle peuvent connaître un nombre réduit de crises si elles prennent du losartan ou un médicament similaire à la place d’un diurétique pour contrôler leur tension artérielle. Toutefois, la prévention des crises en passant d’un diurétique au losartan ou à un autre médicament pour traiter l’hypertension artérielle ne permet pas de prévenir ou de guérir l’atteinte articulaire existante provoquée par les cristaux d’acide urique, car ces cristaux continuent à être présents dans les articulations entre les crises de goutte. Ces autres médicaments peuvent également avoir des effets secondaires. Plus important encore, des diurétiques peuvent être nécessaires pour contrôler la tension artérielle et éviter les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques.
Réduction des taux d’acide urique dans le sang
Un taux d’acide urique élevé dans le sang entraîne des problèmes pour les personnes atteintes de goutte et peut augmenter le risque de maladie rénale chez ces personnes. Le fait de diminuer le taux d’acide urique dans le sang aide à dissoudre les dépôts d’acide urique dans les tissus et à empêcher les crises.
Les personnes atteintes de goutte et présentant les affections ci-dessous doivent particulièrement réduire leur taux d’acide urique dans le sang :
· Crises sévères fréquentes (plus de 2 par an) en dépit de la colchicine, d’un AINS ou des deux
· Présence de tophi à l’examen
· Calculs rénaux d’acide urique
· Affections rendant la prise d’AINS ou de corticoïdes plus compliquée (ulcère gastroduodénal, diabète, traitement anticoagulant et maladie rénale chronique, par exemple)
Les personnes qui prennent des médicaments pour réduire leur taux d’acide urique dans le sang doivent connaître ce taux, tout comme les personnes hypertendues doivent connaître leur pression artérielle. L’objectif du traitement médicamenteux est de réduire le taux à un seuil inférieur à 6 milligrammes par décilitre (0,4 millimoles par litre). Si le taux sanguin est maintenu en dessous de 6 [0,4], l’acide urique ne se dépose plus dans les articulations et dans les tissus mous, et les dépôts existants finiront par se dissoudre, bien que cela puisse prendre plusieurs années. La plupart des tophi au niveau des oreilles, des mains ou des pieds régressent lentement lorsque le taux d’acide urique diminue en dessous de 6 milligrammes par décilitre (0,4 millimoles par litre).
Les médicaments peuvent réduire les taux d’acide urique dans le sang en réduisant la production corporelle d’acide urique ou en augmentant l’excrétion d’acide urique dans l’urine. Plus le taux d’acide urique dans le sang est bas, plus les dépôts se dissolvent rapidement. Lorsque les dépôts commencent à se dissoudre (mobilisation), des cristaux peuvent être libérés et provoquer des crises sous traitement. Ces crises sont un signe indiquant que les médicaments agissent et ne doivent pas être arrêtés. Ces médicaments peuvent être utilisés à long terme ou à vie.
L’allopurinol est le médicament le plus souvent utilisé pour réduire le taux d’acide urique dans le sang. Ce médicament bloque la production de l’acide urique dans l’organisme. Cependant, l’allopurinol peut perturber l’estomac et peut parfois induire une éruption cutanée, réduire le nombre de globules blancs ou provoquer des lésions hépatiques ou une inflammation des vaisseaux (vascularite). L’allopurinol peut déclencher une crise aiguë à la première prise (crise sous traitement). Comme la colchicine ou un AINS à faibles doses peut réduire ce risque, l’un de ces médicaments est en général administré à l’instauration du traitement par allopurinol (ou par fébuxostat) et poursuivi quelques mois.
Le fébuxostat est un autre médicament qui réduit les taux d’acide urique dans le sang. Il s’avère particulièrement utile pour les personnes qui ne peuvent pas prendre de l’allopurinol ou chez lesquelles il n’est pas efficace. Comme pour l’allopurinol, des crises peuvent survenir lorsque le taux d’acide urique dans le sang diminue dans un premier temps.
La pégloticase est un médicament spécialisé utilisé pour réduire significativement le taux d’acide urique dans le sang chez les personnes présentant une goutte sévère. Il est administré par perfusion intraveineuse toutes les 2 semaines et est principalement utilisé chez les personnes présentant une goutte de longue date n’ayant pas été traitée efficacement avec d’autres traitements. La pégloticase n’est pas utilisée avec d’autres médicaments réduisant le taux d’acide urique dans le sang. Si les personnes répondent à la pégloticase, les dépôts, dont les tophi, peuvent commencer à se dissoudre et devenir moins visibles au fil des mois.
Les médicaments uricosuriques (médicaments qui favorisent l’excrétion d’acide urique dans l’urine) peuvent également être utilisés pour réduire le taux d’acide urique dans le sang chez les personnes dont la fonction rénale est normale.
Le probénécide est un médicament uricosurique, généralement administré deux fois par jour, et peut être associé à de l’allopurinol ou à du fébuxostat.
L’aspirine peut inhiber les effets du probénécide, mais les doses faibles destinées à protéger le cœur (81 milligrammes par jour) doivent être poursuivies, car la maladie des artères coronaires représente un risque considérable pour les personnes atteintes de goutte. De faibles doses d’aspirine peuvent faire augmenter très légèrement le taux d’acide urique (hyperuricémie), mais cela n’est généralement pas problématique. De même, l’hydrochlorothiazide peut faire augmenter légèrement le taux d’acide urique dans le sang, mais s’il permet de réduire la tension artérielle, il doit généralement être poursuivi tandis que d’autres médicaments sont utilisés pour réduire le taux d’acide urique dans le sang.
Le médicament hypotenseur losartan et le médicament abaissant le taux de triglycérides fénofibrate provoquent l’excrétion de l’acide urique dans les urines. Ces médicaments peuvent réduire le taux d’acide urique chez les personnes qui les prennent pour d’autres raisons.
Crises sous traitement
Tout traitement réduisant le taux d’acide urique dans le sang peut déclencher une crise aiguë (crise sous traitement). Les crises sous traitement sont particulièrement susceptibles de se produire rapidement après l’instauration d’un traitement médicamenteux destiné à faire diminuer le taux d’acide urique dans le sang. Une crise sous traitement peut être le signe qu’un médicament est efficace pour réduire le taux d’acide urique.
Lors d’une crise sous traitement, les personnes ne doivent pas interrompre la prise des médicaments réduisant le taux d’acide urique.
Il est possible de donner de la colchicine ou un AINS à faible dose pendant quelques mois
après l’instauration du médicament pour faire baisser le taux d’acide urique afin de
prévenir les crises sous traitement.