L’énurésie - pipi au lit chez l'enfant
Quel traitement ?
La consultation d’un médecin pour énurésie n’est indiquée que si le symptôme persiste à l’âge de cinq ans. Inutile donc de consulter pour ce problème si un enfant fait pipi au lit à trois ans. Il est essentiel qu’un climat de confiance s’installe entre l’enfant, les parents et le médecin pour que l’enfant soit partie prenante de la prise en charge qui va être mise en œuvre. L’implication de l’enfant est, en effet, un élément essentiel pour la réussite du traitement.
Lors de la première consultation, le médecin analyse
les répercussions de l’énurésie sur la vie familiale, sociale et scolaire de
l’enfant. Il cherchera à déterminer, parfois au cours d’un entretien en
tête-à-tête avec l’enfant, son vécu de l’énurésie, les sentiments que ce
trouble génère, s’il est honteux, triste, découragé ou encore indifférent. Cet
entretien avec l’enfant et les parents permet également de déterminer si
l’énurésie est isolée ou si des troubles de la miction s’y associent. L’enfant
sera examiné complètement et, au terme de cet entretien et de cet examen, le
diagnostic d’énurésie primaire peut généralement être posé sans qu’aucune
analyse de laboratoire ne soit nécessaire. Lorsque l’énurésie est secondaire,
des examens peuvent éventuellement être prescrits pour éliminer une cause
organique.
Les mesures générales
Les mesures générales hygiéno-diététiques qui sont
toujours prescrites en première intention, avant tout recours à un traitement
spécifique de l’énurésie, peuvent parfois suffire pour faire cesser l’énurésie.
Un enfant énurétique doit boire autant qu’un enfant
non énurétique sur l’ensemble de la journée en respectant toutefois les
conseils suivants :
- boire régulièrement dans la journée en prenant au
petit déjeuner une quantité de liquide représentant un tiers des apports
quotidiens ;
- privilégier tout au long de la journée les eaux de boissons peu minéralisées ;
- supprimer les boissons sucrées et gazeuses après 18
heures ainsi que les aliments très salés.
Par ailleurs, il est recommandé d’aller régulièrement
aux toilettes, cinq à six fois par jour, dès que qu’on en ressent le besoin et
avant de dormir.
Ces mesures n’auront un impact que si l’enfant
comprend qu’il peut agir sur son corps. Des explications simples lui seront
donc données par le médecin sur le trajet de l’eau qu’il boit, le rôle des
reins, le déclenchement de l’envie d’uriner, éventuellement avec des brochures
adaptées à son âge. Le but est que l’enfant devienne autonome et actif dans son
traitement. Il est important qu’il comprenne qu’une aide peut lui être apportée
mais que c’est de lui que dépend la réussite du traitement. Il pourra ainsi
également participer au change des draps sans que cela soit vécu comme une
punition.
S’il porte une couche jetable, il aura le choix de
l’utiliser ou non mais ce sera à lui de la mettre le soir et de la jeter le
matin. Il est, par ailleurs, souvent proposé à l’enfant de tenir un calendrier
mictionnel dans lequel il notera les nuits sèches (figurées par un soleil) et
les nuits mouillées (représentées par un parapluie).
Les parents, de leur côté, ne doivent pas faire honte
à l’enfant, le culpabiliser, le gronder lorsque son lit est mouillé, parler de
son problème à l’entourage ou en public pour éviter les moqueries. Enfin, ils
doivent dédramatiser la situation, sans pour autant faire montre
d’indifférence, et être simplement à l’écoute des sentiments que l’enfant peut
exprimer vis-à-vis de son énurésie. L’essentiel est de redonner confiance à
l’enfant, d’essayer d’effacer la mauvaise estime de soi qu’a souvent un enfant
énurétique et de rassurer sans banaliser.
Les traitements spécifiques
Si les mesures hygiéno-diététiques bien suivies n’ont
pas permis de faire cesser l’énurésie, un traitement spécifique peut être
proposé à l’enfant en complément de celles-ci. Ces traitements sont représentés
par les alarmes et un traitement médicamenteux par un analogue de l’hormone
antidiurétique.
L’alarme (ou pipi-stop) est une méthode de
conditionnement qui réveille l’enfant par une sonnerie dès l’émission des
premières gouttes d’urine. Cette méthode est souvent mal toléré par les enfants
(et par les familles) et n’est pas remboursée par la Sécurité sociale. Il
semble, toutefois, que son efficacité est comparable à celle du traitement
médicamenteux par un analogue de l’hormone antidiurétique après trois mois de
traitement et que les rechutes sont moins fréquentes trois mois après l’arrêt
du traitement. Le délai d’action est de un à deux mois et l’alarme doit être
maintenue pendant quatre mois pour être efficace sur le long terme. Le taux de
guérison à long terme est estimé à un peu moins de 50 %. Ce traitement peut
être utile après l’âge de huit ans pour les enfants et les familles très
motivés.
Le traitement médicamenteux est essentiellement
représenté par un analogue de l’hormone antidiurétique (desmopressine). Ce
traitement ne peut être administré qu’après l’âge de six ans. Il est prescrit
pour une durée de trois mois, renouvelable une fois. Il permet de diminuer de
moitié le nombre de nuits mouillées dans 60 à 70 % des cas au bout de six mois.
De nombreux spécialistes recommandent ce traitement lorsque le système d’alarme
ne peut être utilisé ou est inefficace.
Un autre traitement médicamenteux qui appartient à la
famille des anticholinergiques (oxybutinine) est parfois prescrit en deuxième
intention lorsque les traitements spécifiques ont échoué et que l’on suspecte
une immaturité vésicale nocturne.
Différentes alternatives aux traitements habituels
sont utilisées dans l’énurésie : acupuncture, hypnose, homéopathie, avec
des résultats qui semblent intéressants pour certains de ces traitements,
notamment l’acupuncture et l’hypnose. Mais leur efficacité n’a pas été validée
à ce jour par des études rigoureuses.
L’énurésie est un symptôme et non une maladie. Pour
qu’elle cesse, il faut que l’enfant soit mis en confiance et qu’il soit acteur
de son traitement. Ce traitement repose sur des mesures hygiéno-diététiques
qui, à elles seules, peuvent être efficaces. Si elles se révèlent
insuffisantes, elles sont associées à un traitement spécifique par un système
d’alarme ou un traitement médicamenteux.