Morsure de serpent : symptômes, que faire ?
En France, les morsures de serpent sont,
en général, peu graves mais nécessitent systématiquement un avis médical. Dans
le doute, il faut savoir réagir très rapidement. Frédérique Thiennot, médecin
urgentiste en Ariège nous livre ses conseils.
Définition : qu'appelle-t-on une morsure de serpent ?
Une morsure de serpent est en général infligée à l'être
humain que lorsque le serpent se sent en danger, comme mécanisme de défense, et
qu'il ne peut pas fuir. La morsure de serpent est infligée par des crochets qui transpercent la peau. Beaucoup de
serpents ne sont pas venimeux. Certaines morsures de serpent ne contiennent pas
de venin et les serpents maîtrisent le volume de venin qu'ils envoient à leur
proie. Certaines morsures de serpent sont mortelles selon la quantité de venin
injectée, l'espèce du serpent, la condition physique de la personne qui a été
mordue, l'endroit de la morsure.
Dans quels cas est-ce dangereux ?
"En France, seules les Vipères
et la Couleuvre de Montpellier possèdent des crochets à venin. Mais
chez cette dernière les crochets sont tellement en arrière de la bouche qu'il
faudrait enfoncer son doigt dans sa gueule pour risquer une envenimation", explique Frédérique Thiennot,
médecin urgentiste en Ariège. "Chez les Vipères les crochets sont très
en avant. Ces dents transformées en pointes creuses permettent une efficace
injection du venin dans la proie". On dénombre environ
200 envenimations par an essentiellement dues à la vipère
aspic ou à la vipère péliade. En plus des envenimations par les serpents
européens, se pose désormais le problème des nouveaux animaux de
compagnie et de la multiplication des élevages.
Conséquences et risques : allergie au venin, choc anaphylactique
Si l'injection de sérum antivenimeux est
effectuée dans les 3 heures suivant la morsure de la vipère, l'hospitalisation se
prolongera une journée et demi. Si l'injection est effectuée dans les 4 à
5 heures, un bilan sanguin est nécessaire afin de
vérifier l'existence de troubles de la coagulation. Si un traitement adapté
n'est pas effectué suffisamment précocement, de nombreuses complications
peuvent survenir.
·
Chute de la tension artérielle.
· œdème pulmonaire.
·
troubles de la coagulation.
·
Plusieurs semaines en réanimation
peuvent être nécessaires suivies de séquelles rénales...
Traitement : comment soigner une morsure de serpent ?
Il est indispensable de se
rendre aux urgences d'un service hospitalier ou de téléphoner au 15 ou au
centre antipoison. Un médecin examinera la lésion et envisagera, en
cas d'extension de l'oedème local, témoignant d'une quantité sanguine
importante de venin, une injection de sérum antivénimeux.
Mais l'antivenin, c'est quoi ? "Ce sont des
immunoglobulines fabriquées (depuis 1999) à partir de sérum de cheval qui se
fixent sur le venin pour le neutraliser, elles sont efficaces et bien tolérées.
Cet antivenin concerne les vipères françaises. Les antivenins concernant les
nouveaux animaux de compagnie sont peu disponibles en France", indique
Frédérique Thiennot. Ce sérum ne peut être injecté qu'en milieu hospitalier car
il nécessite un suivi médical.
Symptômes : comment reconnaître une morsure de serpent ?
La morsure de vipère, plus ou moins
douloureuse, se traduit par deux petites lésions rouges distantes de
6 à 10 mm. En cas d'envenimation, un œdème apparaît
15 à 20 minutes après et s'étend progressivement. Le membre
touché peut devenir violacé ou ecchymotique. Lors d'une morsure
une douleur locale apparaît au point d'injection dans les
4 heures qui suivent la morsure de vipère. Des bleus peuvent s'observer
également à cet endroit.
Que faire ?
·
Nettoyez la plaie avec de l'eau
savonneuse.
·
Désinfectez-là avec un antiseptique (alcool
à 60°, Bétadine, Chlorexidine…)
·
Retirez systématiquement ce qui pourrait
faire garrot (bracelet, chaussettes, bagues…).
·
Appliquez de la glace ou
de l'eau glacée pour calmer les douleurs.
·
Prenez des antalgiques (paracétamol).
·
Immobilisez le membre (attelle de
fortune, écharpe…) "et ne faites pas marcher la victime si possible".
·
Dirigez-vous ensuite vers l'hôpital le
plus proche "par un moyen motorisé afin de ne pas faire marcher
la victime" pour ne pas disséminer le venin. Une
surveillance de quelques heures, une vaccination contre le tétanos et des
antibiotiques peuvent être nécessaires.
Ce qu'il ne faut pas faire
·
Ne pas mettre un garrot. En effet, des
toxines vont s'accumuler naturellement sous le niveau du garrot. Un arrêt
cardiaque est toujours possible lors du retrait, sans parler du risque de
gangrène des extrémités.
·
Contrairement aux indications anciennes,
ne pas injecter sur place de sérum anti-venin, ni de corticoïdes ou héparine
sous cutané (jusque 10% de complications bien plus graves que la morsure)
·
Ne pas aspirer le venin à la bouche. En cas de plaie buccale, le
venin pénètre très vite dans l'organisme.
·
Ne pas utiliser une pompe aspirante, type Aspivenin, qui n'a pas
grand intérêt
·
Capturer le serpent pour identification
est parfaitement inutile en Lorraine et même en Europe (prise de risque
supplémentaire !)
Remarque : l'utilisation d'un
aspivenin (petite pompe d'aspiration) n'a jamais démontré son efficacité