Comprendre la chimiothérapie et ses effets
Le mot "chimiothérapie" fait toujours peur, et pas seulement parce qu'il rime avec cancer. Souvent les malades atteints d'un cancer la redoutent à cause des effets indésirables de ce traitement, souvent indispensable, mais difficile à vivre : perte de cheveux, nausées, douleurs, fatigue... Les services de cancérologie sont conscients de ces difficultés, et l'intègrent à leur prise en charge.
La
chimiothérapie est un traitement médicamenteux qui s'attaque
aux cellules cancéreuses.
L’un des mécanismes de
cancérisation est lié aux facteurs de croissance. Quand ces facteurs se fixent
sur les récepteurs des cellules devenues anormales, ils activent leur
multiplication. Les cellules se divisent de façon anarchique sans aucune
autorégulation, c'est ce qui forme une masse tumorale. Quand on donne des
médicaments de chimiothérapie, une fois dans l'organisme, ils viennent se fixer
sur ces récepteurs et prennent la place des facteurs de croissance. Du coup, la
cellule cancéreuse, privée de son stimulateur, finit par mourir et la tumeur
régresse.
La chimiothérapie est souvent prescrite après une opération
chirurgicale (mais aussi avant la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur
et augmenter les chances de succès). On peut aussi faire une chimiothérapie
quand les cellules malades ont migré dans d'autres parties de l'organisme.
C'est ce que l'on appelle des métastases. Pour enrayer leur prolifération, on
injecte alors un cocktail de substances chimiques qui se diffuse dans tout le
corps.
L'inconvénient, c'est qu'en détruisant les cellules
cancéreuses, la chimiothérapie s'attaque aussi aux cellules saines, ce qui
entraîne la chute des globules blancs, chargés de défendre l'organisme contre
les infections. Le système immunitaire est atteint. C'est là que
peuvent apparaître des symptômes tels que la perte de cheveux et de poils, des
vomissements, des douleurs digestives, des troubles du sommeil. Heureusement,
on n'a pas forcément tous les effets indésirables...
L'objectif des cancérologues est justement de développer des
traitements actifs, spécifiques des cellules cancéreuses, cela permettrait de
diminuer leur toxicité sur les cellules saines de l'organisme.
La chimiothérapie en pratique
La fréquence d'administration de la
chimiothérapie dépend du protocole de soins choisi par les médecins.
Certains patients ont ainsi des chimiothérapies tous les jours, d'autres toutes
les semaines, tous les quinze jours ou plus.
La chimiothérapie présente un
inconvénient majeur. Si elle détruit les cellules cancéreuses, elle s'attaque
aussi aux cellules saines. Conséquence : les globules blancs par exemple,
chargés de défendre l'organisme contre les infections, vont chuter. Le système
immunitaire est donc atteint.
Autres conséquences de la destruction des cellules saines : des
symptômes tels que la perte de cheveux et de poils, des vomissements, des
douleurs digestives, des troubles du sommeil. L'objectif des cancérologues est
justement de développer des traitements actifs sur les cellules cancéreuses
uniquement et diminuer ainsi leur toxicité sur les cellules saines de
l'organisme. C'est ce qu'on appelle la thérapie ciblée.
Rose-Marie se rend toutes les semaines au centre Gustave Roussy
pour recevoir sa chimiothérapie. Nous l'avons rencontrée le temps d'une séance de chimiothérapie.
Comment mieux supporter les effets secondaires ?
Les effets secondaires de la chimiothérapie sont inévitables,
mais des progrès dans les traitements et l'accompagnement ont été réalisés pour
aider les patients à mieux les supporter.
Auriculothérapie : clouer le bec aux effets secondaires
À l'hôpital René Huguenin à
Saint-Cloud, l'auriculothérapie est fréquemment proposée aux malades comme
traitement d'appoint pour calmer les effets secondaires.
L'auriculothérapie est une sorte d'acupuncture
auriculaire qui utilise des clous plantés dans l'oreille sur des points précis
pour calmer les effets indésirables des traitements contre le cancer.
La fabrication des chimiothérapies
Pour enrayer la prolifération des cellules
cancéreuses, on injecte au patient un cocktail de substances chimiques
qui va se diffuser dans tout le corps. Comment fabrique-t-on une chimiothérapie ? Quelles sont les précautions à prendre ? Toutes les
chimiothérapies se ressemblent-elles ?
Les pharmaciens jouent un rôle primordial dans la chaîne de fabrication des chimiothérapies. Toutes les ordonnances prescrites par le médecin oncologue
passent entre leurs mains pour une dernière vérification : "Nous procédons à une analyse pharmaceutique de l'ordonnance pour
vérifier que le protocole prescrit, les doses et la nature du protocole sont
conformes au plan de traitement du patient", explique
Romain-Pacôme Desmaris, pharmacien à l'Institut Gustave Roussy .
Chaque chimiothérapie est unique et propre à chaque patient.
Et chacune d'entre elles peut contenir une ou plusieurs molécules conservées
dans des bacs. Les flacons de chimiothérapie se conservent à température
ambiante.
Poches, flacons, médicaments… les préparatrices rassemblent
tous les éléments nécessaires à la fabrication de la chimiothérapie avant de
les placer dans un appareil qui va les stériliser. Elaborer une chimiothérapie exige certaines précautions car les molécules utilisées ne
sont pas anodines comme le confirme Romain-Pacôme Desmaris, pharmacien : "Les chimiothérapies anti-cancéreuses sont dangereuses dans la mesure où
elles ont pour mission de tuer les cellules cancéreuses. Mais comme beaucoup de
ces produits manquent de sélectivité, ils vont également s'attaquer aux
cellules saines du patient, ce qui va entraîner un certain nombre d'effets
indésirables. Elles peuvent aussi s'attaquer aux cellules saines des personnes
en contact avec ces chimiothérapies notamment les manipulateurs".
Irritations cutanées, maux de tête, asthme voire
cancer à long terme… font partie des dangers que peut provoquer la manipulation
de ces produits toxiques. Pour éviter ces risques, la préparation des chimiothérapies se déroule donc dans un lieu confiné. Deux personnes
participent à cette préparation : une personne qui prépare la chimiothérapie et
une deuxième personne contrôle que les éléments utilisés pour la chimiothérapie
sont conformes.
Il faut compter en moyenne une heure pour fabriquer une
chimiothérapie. Une fois prêtes, les poches de chimiothérapie sont
scellées et réceptionnées par le magasinier. Elles rejoignent alors dans des
valises l'hôpital de jour en moins de cinq minutes où elles seront administrées
aux patients.