Aphtes
Souvent bénins, les aphtes également appelées aphtose n’en sont pas moins gênants
et douloureux. Dans de rares cas, ils peuvent être les symptômes de certaines
maladies. Les aphtes communs guérissant d’eux-mêmes, leur traitement est
surtout symptomatique, afin de soulager
la douleur.
Qu’est-ce qu’un
aphte buccal ?
Un aphte buccal, également
appelée stomatite aphteuse, est une ulcération bénigne localisée dans la
bouche. Cette forme fréquente est une lésion unique ou composée de quelques
unités (1 à 5). D’une taille de 2 à 10 mm, l’aphte
commun (dit banal) est de forme arrondie avec un fond jaunâtre ou
grisâtre avec un pourtour bien net et rouge. Il est douloureux surtout pendant
les repas. Dans la bouche, les aphtes peuvent
être présents sur les bords ou la pointe de la langue, à l’intérieur des lèvres
et des joues, sur des gencives, rarement sur le palais. La guérison survient
spontanément au bout de quelques jours et ne laisse pas de cicatrice. Ces
aphtes ne sont ni infectieux ni contagieux.
Les causes
Certains facteurs semblent jouer un rôle dans leur
apparition :
·
Le stress et la fatigue ;
·
Des blessures de muqueuses suite à une chirurgie
buccale, au port d’un appareil dentaire ou d’une prothèse dentaire mal ajustée,
un usage trop énergique de la brosse à dents, un mordillement de la joue, etc.
;
·
Des allergies ou sensibilité à un ou plusieurs
aliments (noix, cacahuètes, fromages, aliments acides, etc.) ;
·
Une carence alimentaire en vitamine B12, zinc, acide
folique ou fer ;
·
Un sevrage tabagique ;
·
La prédisposition génétique ;
·
Les hormones ;
·
Certains médicaments tels que les anti-inflammatoires
non stéroïdiens (ibuprofène et autres), les bêta-bloquants (propranolol et
autres), etc.
L’aphte est un trouble vasculaire. Un
aphte survient quand un petit vaisseau se bouche, une ulcération apparaît puis
une nécrose, qui finit par créer un petit trou. Plus l’artère est importante,
plus la zone nécrosée est étendue, plus l’aphte est gros.
Les personnes sujettes aux aphtes peuvent présenter
plusieurs poussées par an, parfois dès l’enfance. Une évolution récidivante
motive généralement une demande de thérapie. Des aphtes récidivants peuvent
être dus à une affection sous-jacente comme des carences alimentaires. Cette
récidive peut également être le signe d’une maladie: maladie cœliaque ; maladie
de Crohn; immunodéficience, etc.
Les aphtoses
buccales récidivantes
Les aphtoses buccales récidivantes (ABR)
se caractérisent uniquement par la fréquence élevée des poussées : le nombre,
la taille et la durée des aphtes ne sont pas spécifiques. La latence entre
chaque poussée varie de quelques jours à moins de 3 mois.
Les manifestations
cliniques
Un aphte buccal se développe en quatre
phases principales :
·
Une phase prodromique : celle-ci est
douloureuse (picotements, brûlures) et dure moins de 24 heures.
·
Une courte phase pré-ulcérative : la ou les
lésions se développent.
·
L’aphte s’ulcère, mais ne saigne pas. Ces
ulcérations sont douloureuses.
·
Les aphtes banals persistent quelques jours
à 2 semaines puis disparaissent progressivement. La douleur s’atténue. Il n’y a
pas de cicatrice.
Les formes cliniques
particulières
L’ABR regroupe
les trois formes cliniques d’aphtose :
La forme mineure de d’ABR est la plus
fréquente (80% des cas). Elle se présente sous forme d’aphtes classiques,
isolés ou multiples.
La forme majeure d’ABR est sévère,
extrêmement douloureuse, mais rare: ce sont des aphtes dits « géants », pouvant
atteindre 3 à 5 cm. Ces ulcérations sévères peuvent durer plusieurs semaines et
laissent très souvent une cicatrice.
La troisième forme est décrite par le
terme d’aphtes miliaires. Elle se caractérise par la survenue récidivante et en
« bouquet » de plusieurs (10 à 100) ulcérations douloureuses, de petite taille
(1 à 2mm), disséminées dans la cavité buccale. Ces ulcérations peuvent
fusionner pour produire de larges ulcérations. La guérison peut prendre
plusieurs semaines.
Les aphtes dans le cadre de pathologies
Les aphtoses buccales récidivantes
sont le plus souvent isolées, mais il est essentiel de rechercher une
éventuelle pathologie associée. Certaines maladies systémiques peuvent être
révélées par ces ulcérations buccales « aphtoïdes » récidivantes.
La maladie de Behçet
La maladie de Behçet est une inflammation de la paroi
des vaisseaux artériels, capillaires et/ou veineux. Elle débute chez l’adulte
jeune (pic de fréquence entre 20 et 30 ans), avec une prédominance masculine et
est surtout observée dans les pays méditerranéens et au Japon. Le diagnostic
est retenu suite à plusieurs manifestations cliniques : les lésions les plus
fréquentes comprennent des ulcérations buccales aphteuses (98 %), des lésions
cutanées (87 %), des signes oculaires (69 %), des ulcères génitaux (73 %).
La maladie de Behçet évolue par rémissions et exacerbations. À part les cas présentant des complications neurologiques ou vasculaires sévères (si les organes vitaux sont touchés), le pronostic est surtout grave sur le plan fonctionnel (cécité), et l’espérance de vie est souvent normale.
La maladie de Behçet évolue par rémissions et exacerbations. À part les cas présentant des complications neurologiques ou vasculaires sévères (si les organes vitaux sont touchés), le pronostic est surtout grave sur le plan fonctionnel (cécité), et l’espérance de vie est souvent normale.
La maladie de Crohn et
la maladie cœliaque
Des publications scientifiques mettent
en relation les inflammations intestinales avec l’aphtose buccale. Cette
relation est maintenant établie, vu l’étroite relation entre le fonctionnement
de la muqueuse intestinale et celui de la muqueuse
buccale qui partagent la même origine embryologique.
La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire
de l’intestin au cours de laquelle des ulcérations buccales, dont certaines
ressemblant à des aphtes communs ou géants, peuvent être observées. Une aphtose
buccale récidivante est retrouvée dans au moins 10 % des cas. Par ailleurs, des
équipes de recherches ont mis en relation l’aphtose avec
la maladie cœliaque. L’aphtose récidivante peut être un signe de cette allergie
sévère au gluten.
Les aphtes, un effet
secondaire de la chimiothérapie
Les aphtes peuvent être déclenchés par
certains traitements des cancers,
notamment les chimiothérapies.
Les lésions buccales font partie des
effets secondaires les plus courants lors d’une chimiothérapie. Ce traitement
provoque des aphtes car la chimiothérapie attaque des cellules à division
rapide telles que les cellules des muqueuses et les cellules du système
immunitaire.
Les traitements contre les aphtes
Il n’existe pas de traitement
spécifique de l’ABR.
Les formes bénignes d’aphtose buccale, qui
guérissent généralement sans traitement, peuvent néanmoins justifier l’emploi
de thérapeutiques peu agressives et symptomatiques. La gêne et la douleur
peuvent néanmoins être atténuées en prenant quelques précautions :
·
Éviter la consommation d’aliments qui
favorisent la survenue des aphtes ;
·
Privilégier la nourriture froide qui diminue
la douleur ;
·
Utiliser une brosse à dent très souple afin
de conserver une bonne hygiène bucco-dentaire.
Dans les formes d’aphtes très sévères (aphtes géants,
présence d’un nombre important d’ulcérations, etc.) ou des douleurs vives, il est fortement conseillé de
consulter un médecin. Pour les patients qui présentent une affection
potentiellement causale, un bilan complémentaire peut être réalisé par un
spécialiste approprié et est utile pour rechercher la maladie en cause. Il faut
consulter un médecin, si l’aphtose s’accompagne de fièvre, de fatigue extrême,
de diarrhées, de maux de tête, d’aphtose génitale ou de lésions cutanées.
Il peut être prescrit :
·
Des antalgiques (paracétamol
ou ibuprofène) ;
·
Un anesthésique local sur les lésions
douloureuses (celui-ci insensibilise brièvement la muqueuse buccale et doit
être utilisé avec prudence) ;
·
Des bains de bouche à
base d’antiseptique pour éviter une contamination par un germe en cas de
terrain fragile (maladie chronique, déficience immunitaire…) ;
·
Eventuellement des corticoïdes, en application locale ou par voie générale
;
·
Un traitement de la maladie en cause.
La prévention
Pour prévenir l’apparition ou la
récidive des aphtes buccaux, il y a quelques recommandations :
·
Diminuer les facteurs de stress et dormir suffisamment ;
·
Éviter les aliments qui
peuvent être à l’origine des aphtes, si le lien a été établi entre l’aliment et
l’apparition de ces ulcérations
·
Avoir une bonne hygiène dentaire :
se brosser les dents au minimum deux fois par jour
·
Consulter régulièrement un dentiste.